Bertaud Belieu : Le retour au glamour d’un domaine entre ombre et lumière

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Sur les hauteurs ensoleillées de Gassin, à quelques minutes de Saint-Tropez, le Domaine Bertaud Belieu est bien plus qu’un vignoble. C’est un décor de carte postale où la Méditerranée rencontre les collines boisées, où l’art de vivre provençal se conjugue avec une histoire digne d’un roman. Et comme tout bon roman, l’histoire du domaine est faite de grandeur, de secrets bien gardés, et de révélations parfois troublantes. Aujourd’hui, ses propriétaires veulent tourner la page et remettre la lumière sur ce qui a toujours fait la force de Bertaud Belieu : ses vins, son art de vivre, et son glamour.

Un passé noble et artistique

Remontant au XIVe siècle, les terres de Bertaud Belieu apparaissent dès 1340 lors de l’union entre les comtes de Provence et la maison Grimaldi. D'abord exploitées par les moines de la Chartreuse de la Verne, elles deviennent au fil des siècles un bien prisé de familles nobles. Les de Castellane, les Antiboul de Saint-Tropez, ou encore Louis Jean-Baptiste Garachon en furent les héritiers.

Au XIXe siècle, la propriété passe aux mains de familles lyonnaises, dont celle de Louis Janmot, peintre symboliste et ami de Charles Baudelaire. Il y peint, y réside, et transforme le domaine en lieu d’inspiration artistique.

C’est en 1989 que le Domaine Bertaud fusionne avec le Domaine Belieu pour donner naissance à une entité unique. Depuis, les vignes s'étendent sur 65 hectares et produisent des rosés très prisés par les amateurs de Saint-Tropez et d’ailleurs. On y déguste les grands formats, magnums et mathusalems, sous les lustres de dîners privés où se croisent artistes, mannequins et milliardaires.

Saint-Tropez en bouteille

Impossible de parler de Bertaud Belieu sans évoquer son aura glamour. Le rosé du domaine est devenu un incontournable de la jet-set tropézienne. On l’aperçoit dans les clips de Puff Daddy, sur les yachts de la baie, dans les coulisses du Festival de Cannes.

Le Bertaud-Belieu, c’est un vin qu’on retrouve dans les coulisses des soirées de Leonardo DiCaprio, lors des brunchs du club 55 à Ramatuelle, ou encore dans les verres de supermodels comme Bella Hadid et Naomi Campbell. George Clooney, habitué de la région, y aurait même commandé quelques caisses pour une réception privée.

Le domaine accueille également des concerts lyriques dans ses jardins, où les voix résonnent entre les rangs de vignes au coucher du soleil. En marge du festival de Cannes, plusieurs soirées caritatives y sont organisées, mêlant stars, chefs étoilés et collectionneurs d’art. C’est un art de vivre, une vitrine de l'élégance à la française, où la vigne s’allie à la fête et à l’exclusivité.

Mais derrière cette carte postale, l'histoire récente du domaine a pris des teintes plus sombres.

L'éclat terni : controverses et dévoilements

Inquiets de la gestion du domaine et de prélèvements injustifiés dépassant le million d’euros, les propriétaires du domaine ont déposé en janvier 2023 une plainte contre X avec constitution de partie civile auprès du parquet de Draguignan. Cette plainte vise des faits d’abus de confiance, abus de biens sociaux, faux et usage de faux, contrefaçon, vol et escroquerie et semble notamment viser Jean-Christophe Sibelya, directeur général du domaine jusqu’en avril 2021 et son associé kazakh Valikhan Koshumbayev.

A cette affaire judiciaire, s’ajoute une récente descente de gendarmerie qui a permis de mettre à jour l’emploi de travailleurs sans papiers, certains sous obligation de quitter le territoire français (OQTF). Une nouvelle péripétie qui a nui à la réputation de la propriétaire (et désormais gérante) du domaine, Angela Sarsenova, épouse d’un riche homme d’affaire kazakh.

Cette affaire, mêlant luxe, argent kazakh, gestion trouble et main-d’œuvre clandestine, fait grand bruit dans les couloirs feutrés du monde viticole. La discrétion habituelle du microcosme tropézien laisse place à des spéculations et à des remous inattendus. Le domaine, symbole de l’élégance provençale, s’est retrouvé propulsé au cœur d’un feuilleton judiciaire aux ramifications internationales.

Renaissance à l'horizon

Malgré ces remous judiciaires et médiatiques, le Domaine Bertaud Belieu poursuit sa production. Les rosés continuent de couler, les événements culturels s’enchaînent, et les visiteurs affluent toujours pour découvrir un des joyaux des Côtes de Provence.

La direction a entrepris une réorganisation complète de la gouvernance du domaine. Une nouvelle équipe, composée de professionnels du vin et d’experts en conformité, a été constituée pour restaurer la confiance et assurer une gestion rigoureuse. Le mot d’ordre : transparence, qualité, et retour aux fondamentaux.

Le domaine mise aussi sur son image iconique. Une campagne de communication discrète mais efficace met à nouveau en avant les paysages sublimes, les cuvées haut de gamme et les collaborations artistiques. L’objectif est clair : faire oublier les ombres du passé pour ne garder que la lumière de la vigne.

Dans les salons privés de Saint-Tropez comme dans les salons professionnels de l’export, Bertaud Belieu veut redevenir un nom qui évoque l’excellence, et non la controverse. Et si les procédures judiciaires suivent leur cours, les vignes, elles, n’attendent pas. Car en Provence, tout commence toujours par un rayon de soleil. Et même dans l’ombre, les raisins mûrissent. Le renouveau est en marche.

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