Zazie, chanteuse et parolière au franc-parler bien connu, n’a pas mâché ses mots au sujet de l’intelligence artificielle. Comme 34 996 artistes et créateurs, elle a signé une tribune alertant sur les dérives de l’IA et son impact sur le droit d’auteur. Entre inquiétude pour l’avenir des musiciens et appel à la vigilance, l’artiste monte au créneau pour défendre la création humaine.
Avant de s’inquiéter pour l’avenir de la musique, Zazie, de son vrai nom Isabelle Marie Anne de Truchis de Varennes, s’est imposée comme une figure incontournable de la chanson française. Depuis ses débuts en 1992 avec Je, tu, ils, elle a enchaîné les succès : Larsen, Zen, Je suis un homme, ou encore Speed. Mais aujourd’hui, un nouveau défi menace les créateurs : l’essor de l’intelligence artificielle générative.
L’IA, un danger pour les artistes ?
Le 10 février 2025, la France ouvre son Sommet pour l’action sur l’Intelligence Artificielle. Ce dernier réunit des personnes importantes comme Emmanuel Macron, Sam Altman (OpenAI) et Sundar Pichai (Google). Si cette avancée technologique suscite un grand enthousiasme, elle inquiète aussi les artistes. Jean Dujardin avait d'ailleurs poussé un coup de gueule, inquiet pour son travail d'acteur.
Ainsi, dans une tribune publiée dans Le Parisien, Zazie, Jean-Jacques Goldman, Kyan Khojandi, Bob Sinclar et des milliers d’autres dénoncent l’impact de l’IA sur la création musicale. L’Adami et la Sacem, défenseurs des droits des artistes, ont initié cet appel à la vigilance face aux modèles d’IA qui s’entraînent sur des œuvres existantes sans rémunérer leurs auteurs. "Nous ne sommes pas contre l’IA, mais nous demandons que notre travail ne soit pas utilisé sans consentement ni contrepartie financière", insistent les signataires.
Quand l’IA pioche dans la musique des autres… Zazie dit stop !
Parmi eux, Zazie s’exprime sans détours : "Demander à l'IA une musique de film à la manière de Maurice Jarre avec la voix de Florent Pagny, c'est copier et voler les deux." Celle dont le nouveau look a beaucoup fait parler compare cette technologie à "un mauvais élève qui pompe sur la copie du voisin et qui aura une bonne note sans avoir travaillé". Selon elle, si rien ne change, les musiciens pourraient perdre jusqu’à 25 % de leurs revenus d’ici 2028. "Nous passons du temps, nous faisons des sacrifices pour apprendre et créer. C’est normal que notre travail soit rémunéré, comme ça a été le cas avec Spotify, Deezer, Facebook et Instagram.".
Le combat de Zazie : protéger les artistes de la machine
Toutefois, Zazie reconnaît l’utilité de l’intelligence artificielle pour certaines tâches techniques. En effet, l'artiste avoue l’utiliser "pour identifier une guitare du Cap-Vert ou isoler les fréquences d’un enregistrement live", mais reste méfiante face à son utilisation dans la création pure."Ce que l’IA n’aura jamais, c’est l’accident, l’imperfection qui donne naissance à la beauté d’une chanson." Elle rappelle que plusieurs de ses tubes sont nés par hasard, à la suite d’un doigt qui ripe sur une corde ou d’une erreur de refrain.
Si elle ne diabolise pas toutes les IA, elle met en garde contre celles qui se substituent aux artistes. Pour elle, ces technologies peuvent ouvrir la création à ceux qui n’ont pas étudié la musique, mais il faut un système équitable de rémunération. Comme Beaumarchais s’est battu pour le droit d’auteur en 1791, Zazie et ses collègues plaident aujourd’hui pour que les créateurs ne soient pas "mangés par la bête". Une chose est sûre : le débat ne fait que commencer.