"Je me demande comment nous avons survécu" : affaire Grégory, son père Jean-Marie Villemin s'exprime pour la première fois depuis 1994

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L'affaire du petit Grégory a laissé une empreinte indélébile dans la mémoire collective, à la fois par l'atrocité du crime et par l'énigme qui continue de planer autour du meurtre. Le 16 octobre 1984, Grégory Villemin, âgé de seulement 4 ans, a été retrouvé sans vie, pieds et poings liés, dans les eaux glacées de la Vologne, dans les Vosges.Ce drame a pris une dimension nationale avec une couverture médiatique intense, marquée par de nombreux rebondissements. L'enquête a été hantée par l'ombre du ou des "corbeaux" qui envoyaient des lettres anonymes menaçantes à la famille Villemin.

Un autre tournant tragique de l'affaire fut l'assassinat de Bernard Laroche, tué par Jean-Marie Villemin, le père du petit Grégory, qui le soupçonnait d'être responsable de la mort de son fils.

Quarante ans après le terrible drame qui a bouleversé la France, Jean-Marie Villemin a choisi de rompre le silence pour rendre hommage à son garçon.

Une BD consacrée à l'affaire

Ce jeudi 3 octobre 2024, le père endeuillé a pris la parole dans un geste émouvant en signant la préface d'une bande dessinée baptisé Grégory, parue aux éditions Les Arènes.

Dans cette préface, Jean-Marie Villemin explique pourquoi il a choisi cet album pour revenir sur l’affaire qui a bouleversé sa vie. "Un corbeau dont nous ne connaissons toujours pas l'identité a tué notre fils de 4 ans pour me 'faire mourir de chagrin'. Au nom de quoi ? Pour assouvir quelle haine ?", écrit-il. "Je me demande comment nous avons survécu. Nous étions perdus, au fond du gouffre, sans aucun soutien, ballottés par les événements et une justice erratique."

Bouleversé, le père de famille dénonce vivement "la médiatisation de (sa) tragédie", soulignant la manière dont l'affaire a été exploitée par certains médias et acteurs de la justice. Il fustige sans détour les policiers, magistrats et journalistes "qui ont approché le dossier de près, et qui pour certains l'ont dévasté, s'expriment sans scrupules ni honte et en profitent pour dire n'importe quoi", rapporte BFM TV.

Pour lui, "ce sont leurs manipulations qui ont entraîné tant de retard dans la recherche de la vérité et tant de malheurs qui n'auraient jamais dû avoir lieu".

"Je resterai à jamais un assassin"

Dans ce texte, Jean-Marie Villemin revient également sur le meurtre de Bernard Laroche. "Nous étions dans cette tornade, comme des enfants écrasés de chagrin. J'ai craqué, j'ai pris la vie de mon cousin, je resterai à jamais un assassin. Je le regrette tant", ajoute-t-il.

Et de poursuivre : "La vengeance n'est pas une solution, même si vous êtes convaincu d'être en face de l'homme qui a enlevé votre fils, de l'homme dont vous pensez qu'il a été son bourreau... Car il faut vivre après avec ce poids-là. J'ai mûri, j'ai appris, je me suis apaisé et je sais le prix de la douleur et des larmes". Si le papa du petit Grégory a choisi de s'engager dans ce projet de BD, c'est avant tout pour "prendre les devants" à l'approche du quarantième anniversaire de la mort de son fils. "Cette BD honore la mémoire de Grégory, et j'en suis heureux".

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