Joséphine Draï : “Je ne voulais pas être mère à tout prix” 

il y a 3 semaines 11

À 41 ans l’actrice de Plan cœur est à la tête de sa propre série, Interim’air diffusée sur Téva. Pour Public, elle se confie avec humour sur son parcours atypique.

Public : Qu’est-ce qui vous a donné envie de créer cette série ?

Joséphine Draï. Quand j’ai appris que Téva était à la recherche d’un programme humoristique pour remplir sa case historique, j’ai trouvé que c’était un super challenge : c’est motivant de faire rire dans un temps très court (les épisodes durent deux minutes, ndlr). J’aime aussi cette chaîne car elle fait confiance aux femmes, aux créatrices, je savais que j’allais m’y retrouver.

Dans Interim’air, vous enchaînez les petits boulots. Qu’auriez-vous aimé faire si vous n’aviez pas évolué dans le domaine artistique ?

Je suis quelqu’un de très anxieux, j’ai besoin d’énormément de sécurité. Je me dis souvent que je dois être un peu masochiste pour être devenue intermittente. Idéalement, je pense que j’étais faite pour être fonctionnaire de mairie, la nana invirable aux horaires fixes et qui garde son travail jusqu’à la fin de sa vie. Je ne sais pas si j’aurais été épanouie, mais j’aurais été rassurée.

Ne plus avoir de boulot vous travaille ?

Énormément. Ça définit fondamentalement mon rapport à ce métier. Même quand on arrive très haut, il y a toujours une part d’incertitude. On est dépendant des directeurs de casting, des chaînes, des diffuseurs, des réalisateurs, des téléspectateurs… Il y a tellement de fausses joies, de déconvenues que ça m’a rendue vulnérable, aux aguets, parano. Je le vis très mal. La seule chose qui me permet de dépasser ces angoisses, c’est de créer ma propre matière, pour ne plus être totalement à la merci du désir de l’autre.

Je suis très anxieuse

Joséphine Draï

Vous êtes du genre hyperactive ?

Oui, dans le boulot, si je ne suis pas à la limite du burn-out, ce n’est pas assez. Dans les périodes creuses, après un projet, j’ai besoin de me remettre immédiatement au travail sinon j’angoisse. Dans ma vie personnelle, c’est tout le contraire, je suis une loque. (Rires.) En vacances, je suis la personne qui lit Public sur un transat dans l’axe du soleil. J’arrive à lâcher prise dans un cadre donné, limité dans le temps et si j’ai bien travaillé avant.

Finalement, vous avez le syndrome de la bonne élève…

Tout à fait. D’ailleurs, j’étais excellente à l’école. Aujourd’hui, je m’impose une manière de bosser très scolaire et productive. J’espère tenir le rythme sur le long terme.

Le grand public vous a découverte dans Plan cœur. Cette série a changé beaucoup de choses pour vous ?

J’ai accès à beaucoup plus de projets, à des rôles plus importants. On me reconnaît dans la rue alors qu’avant, c’était plus rare. Ça m’a dotée d’un capital sympathie auprès du public aussi. C’est l’effet Hélène et les garçons ou Friends, ça donne envie aux gens d’être votre pote.

Vous y jouiez le rôle de Milou, une nana control freak et autoritaire. De la pure composition ?

On a quelques points communs, comme apprécier d’organiser les choses, de prévoir. Avec mes amis, je suis la maman du groupe, celle qui propose de se retrouver, celle qui crée du lien. Seulement, le côté castrateur de Milou, ce n’est pas du tout moi. Je n’ai pas envie d’être la cheffe de ma bande de copines. Je préfère être dans l’écoute, j’ai une oreille attentive.

Vous avez tourné une saison de Plan cœur alors que vous étiez en postpartum. Comment ça s’est passé ?

C’était très difficile d’être éloignée de mon fils qui n’avait qu’un mois et demi. J’avais décidé d’allaiter, mais j’ai été obligée d’arrêter parce que j’étais trop loin… Ça m’a permis de me faire au rythme de ma nouvelle vie de mère très rapidement. Comme je suis souvent amenée à m’absenter pour des tournages, alors je me suis dit que ce n’était pas plus mal de se mettre dans le bain sans tarder.

Vous ne culpabilisez jamais de partir ?

Je pense que c’est à travers mon propre accomplissement et le fait d’aimer mon job que je dégage quelque chose qui donnera envie à mon fils de se lancer dans ce qui lui plaira. C’est en étant épanouie que je suis pleinement disponible auprès de lui. Le temps que l’on passe ensemble, c’est un temps de qualité où il a toute mon attention.

Et puis, il a un papa super présent aussi, non ?

J’ai la chance d’être dans une relation extrêmement paritaire. Mon compagnon est très investi dans sa parentalité parce qu’il a aussi des choses à régler avec sa propre expérience et le besoin très fort d’être un bon papa. Tant mieux pour moi.

J’étais faite pour être fonctionnaire de mairie

Joséphine Draï

La maternité, vous en aviez toujours rêvé ?

Pas du tout. Je n’avais pas forcément dans l’idée d’être mère à la base. Notre fils, c’est un enfant de l’amour, c’est ce qui est sublime. C’est parce que j’avais vraiment la sensation d’avoir trouvé la bonne personne et que j’avais envie d’un être qui nous ressemble qu’on a sauté le pas. Si je n’avais pas ressenti ça, ça ne m’aurait pas dérangée de ne pas avoir d’enfant. Je comprends tout à fait les femmes qui n’en veulent pas.

Vous aimeriez que votre fils fasse le même métier que vous ?

Pas du tout, j’aimerais qu’il soit médecin. Et d’un autre côté, son père et moi, on stimule sa créativité. Il est hilarant et a beaucoup d’autodérision du haut de ses 4 ans, donc ça ne m’étonnerait pas qu’il soit artiste. Pourtant, j’aimerais le préserver de cette vulnérabilité, des angoisses de ce métier. S’il le choisit, ce sera en toute connaissance de cause parce que je ne lui cacherai rien.

Chronologie

  • 13 mars 1984 : Joséphine naît à Neuilly-sur-Seine. Son papa, Philippe Draï, est le batteur d’Alain Bashung. C’est à elle que fait référence le titre Osez Joséphine.
  • 2013 : Après avoir écrit et composé des chansons pour Sheryfa Luna ou Élodie Frégé, elle se lance dans l’humour puis rejoint Mouloud Achour dans Clique.
  • 2018 : Elle décroche le rôle de Milou dans Plan cœur et donne la réplique à Zita Hanrot et Sabrina Ouazani.
  • 12 mai 2025 : Interim’air, pas sérieuse s’abstenir, la série qu’elle a créée et dans laquelle elle joue, est diffusée sur Téva du lundi au vendredi à 20 h 50
Teva
Lire l'article entier