"Les reines du shopping" : 90.000 euros de manque à gagner pour cet ancien salarié qui porte plainte

il y a 4 semaines 21

Tension à la télévision. Depuis le 14 mai dernier, la société de production Hervé Hubert est visée par une plainte pour "tentative d’escroquerie au jugement" déposée par Charles (le prénom a été changé), un ancien salarié de 48 ans, rapporte Le Parisien.

Selon les informations de nos confrères, cet administrateur de production dans l'audiovisuel, a longtemps joué un rôle crucial en gérant les aspects financiers et sociaux de plusieurs projets télévisuels et cinématographiques.

Employé en contrat à durée déterminée d’usage

Avant de rejoindre le groupe en 2013, il avait notamment travaillé sur des productions avec des acteurs renommés comme Gérard Jugnot et Jean Dujardin.

Il a ensuite pris en charge la production du pilote de l'émission Les Reines du shopping pour M6, qui a été commandée pour 100 épisodes.

Ce projet exigeait un investissement de 10 à 12 mois par an, chaque année jusqu'en 2021, impliquant le casting, le tournage, mais aussi la postproduction.

Charles, employé en CDDU, a été soumis à un rythme de travail intense, ce qui a conduit à un contrôle de l'inspection du travail en novembre 2013 après qu'une "surcharge de travail exorbitante" ait causé un burn-out parmi les assistants monteurs.

"Ils ont très vite créé des filiales et ont coupé par exemple la production en deux, une société pour la postproduction, et une autre structure pour gérer le plateau. Quand on est intermittent, on est normalement dédié à un projet et quand on a terminé, on s’en va", confie-t-il dans les colonnes du quotidien.

Hervé Hubert, RDS Prod, Hubert Prod, et La Postprod sont des entreprises liées, avec Hervé Hubert et Hubert Prod étant des filiales de la société mère Euzèbe Productions. D'après Charles, la multiplication des tâches s'est accélérée en même temps que l'expansion des sociétés.

90 000 euros de manque à gagner

Malgré une charge de travail croissante et des horaires extensifs, le quadragénaire n'a jamais bénéficié de la moindre augmentation de salaire.

Il pointe alors du doigt une "discrimination salariale" entre les différents membres de l'équipe avant de quitter son poste définitivement. "J’avais douze mois d’indemnité, à 50 % de ce que je gagnais. C’est ce qui a mis le feu aux poudres. Je n’avais pas en tête de me faire payer mes heures supplémentaires au départ", assure celui qui aurait dû signer un CDI. Son manque à gagner entre août 2013 et décembre 2021 s'élèverait à un peu plus de 90 000 euros.

Aux prud'hommes, la société de production a pourtant présenté des feuilles d’heures signées en avance chaque début de semaine, prévoyant huit heures de travail par jour. Charles affirme que ces feuilles n'ont jamais été ajustées pour les heures supplémentaires.

Selon Me Frédérick Petipermon, cela constitue une falsification et une "tentative d’escroquerie au jugement", un délit. En conséquence, l'avocat a décidé de suspendre la procédure prud'homale pour déposer une plainte auprès du parquet de Paris.

Hervé Hubert nie les faits

Hervé Hubert, de son côté, s'étonne et assure qu'"aucune des demandes faites n’étaient fondées et nombre de ces demandes sont prescrites. On fait signer des feuilles d’heures effectuées sur lesquelles les salariés peuvent inscrire les heures supplémentaires". "C’est un collaborateur dont on était satisfaits. Il a souhaité nous quitter pour développer son entreprise, mais ça n’a pas marché. Le sentiment que nous avons, c'est qu’il souhaite récupérer des sous pour maintenir sa boîte à flot."

"Que se passe-t-il lorsque David l’intermittent rencontre le Goliath de l’audiovisuel ? Rien. Il n’y a pas de combat. L’intermittent peut être amené à travailler jusqu’à dix heures par jour sans être totalement réglé de ses heures supplémentaires. Il appartiendra au procureur de la République de répondre à la question suivante : les sociétés du groupe Hervé Hubert connaissent-elles le juste prix du travail ?", s'insurge quant à lui Me Frédérick Petipermon.Selon Damien Labbé, président de l’UNDIA (Union nationale de défense des intermittents de l’audiovisuel), le principal problème du secteur est le non-paiement des heures supplémentaires. Il explique d'ailleurs que cette situation est fréquente."En fin de confinement nous avions fait grande enquête en interrogeant 2 000 intermittents. En moyenne, ils perdent huit heures supplémentaires par semaine. C’est un des gros griefs, le droit n’est pas respecté."

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