Cela fera bientôt deux ans que le monde a été secoué par le drame du Titan, ce submersible expérimental d’OceanGate qui devait permettre à cinq passagers privilégiés d’aller contempler les vestiges du Titanic, à 3 800 mètres sous la surface de l’Atlantique Nord. Mais au lieu d’une aventure inoubliable, l’expédition s’est transformée en cauchemar. Le 18 juin 2023, le contact est perdu. Quatre jours plus tard, les autorités confirment la mort des cinq hommes à bord, dont le PDG d’OceanGate lui-même, Stockton Rush. Et si, derrière l’apparente fatalité d’une défaillance technique, se cachait une volonté plus sombre ?
Netflix relance l’affaire Titan avec un film qui promet de tout révéler
Depuis quelques jours, un flot de révélations secoue à nouveau l’affaire, notamment grâce au documentaire Implosion : The Titanic Sub Disaster, diffusé sur la BBC, et au futur film Netflix Titan : The Oceangate Disaster, attendu le 11 juin. Entre images inédites, témoignages d’experts et hypothèses troublantes, le voile se lève peu à peu sur une vérité glaçante. Dans un extrait bouleversant dévoilé par la BBC, on découvre Wendy Rush, l’épouse du PDG, suivant sur des écrans le voyage du Titan depuis un navire de soutien.
Quand un bruit sourd retentit, elle demande, intriguée : « C’était quoi ce bang ? ». L’ambiance semble encore calme. Personne ne se doute qu’il s’agissait du son de l’implosion. Quelques instants plus tard, un SMS du submersible signale qu’il a « largué deux poids ». Un faux espoir. Le message a mis plus de temps à parvenir que le bruit de la catastrophe.
Titan : le PDG ignorait les alertes, selon un ex-employé
Mais les dernières révélations vont bien au-delà du simple accident mécanique. David Lochridge, ancien directeur des opérations chez OceanGate, brise le silence. Ancien plongeur de la Royal Navy britannique, il a travaillé au développement du Titan jusqu’en 2018. Ce qu’il décrit ressemble à une course insensée vers les abysses, menée au mépris de toutes les règles de sécurité. « Je n’oublierai jamais mon premier jour. Stockton Rush a déclaré que le sous-marin n’aurait pas de système de communication sous-marin. J’ai cru à une blague », confie-t-il au magazine PEOPLE.
Craquements dans la coque, absence de tests rigoureux, matériaux posés « comme du glaçage sur un gâteau »… David Lochridge alerte, mais se heurte à une direction sourde. Il finit par être licencié, non sans avoir tenté de prévenir les autorités compétentes. Mais c’est un autre témoignage, encore plus troublant, qui fait vaciller la version officielle. Dans le livre Submersed de Matthew Gavin Frank, l’expert en submersibles Karl Stanley, ami de longue date de Stockton Rush, décrit un homme obsédé par sa place dans l’Histoire.
Stockton Rush, héros ou mégalomane ? Karl Stanley confie : « Il voulait mourir sur l’épave »
Karl Stanley affirme que le PDG aurait conçu le Titan comme un « engin futile », voué à l’échec. « Il voulait mourir sur l’épave. Plus ce serait médiatisé, mieux ce serait », avance-t-il. Selon lui, Stockton Rush ne cherchait pas seulement à explorer les abysses, mais à rejoindre la mythologie du Titanic, coûte que coûte. Détail troublant : le nom même du sous-marin, Titan, ferait référence à une nouvelle publiée en 1898, Futility, dans laquelle un navire du même nom sombre dans des conditions presque identiques à celles du Titanic. Pure coïncidence ? Karl Stanley, lui, n’y croit pas.
En 2019, lors d’une plongée test, Karl Stanley aurait lui-même entendu des bruits similaires à des coups de feu, signe possible d’une faiblesse de la coque. Il alerte Stockton Rush, lui écrit un e-mail alarmant. Réponse : « J’apprécie ton expérience, mais pas en ce qui concerne l’évaluation des coques en fibre de carbone. ». Une phrase qui résonne aujourd’hui comme un terrible présage. Aujourd’hui, la famille de Paul-Henri Nargeolet, célèbre explorateur français disparu à bord, envisage de poursuivre OceanGate en justice. Une procédure qui pourrait, peut-être, enfin faire toute la lumière sur les responsabilités.