Fatigué des projecteurs, des sollicitations constantes, Renaud a, dans les années 1980, choisi une solution pour le moins radicale : se construire un bateau pour fuir la notoriété. Un exil maritime aussi poétique que punk pour l'interprète de "Dès que le vent soufflera" qui admet au micro de RTL : " J'ai un rapport très difficile avec la célébrité".
Renaud et "Le Makhnovtchina": le radeau de la liberté
“Je ne m’appartenais plus, j’appartenais à tout le monde”, a-t-il confié au micro d’Éric Jean-Jean sur RTL. Cette notoriété, il tente de la fuir en embarquant dans une aventure un peu folle : faire construire un bateau, et prendre la mer avec femme et enfant. Le Makhnovtchina, du nom d’un mouvement anarchiste ukrainien du début du XXe siècle, tout un programme, devient alors son refuge flottant.Nous sommes en 1982, alors au sommet de sa gloire, l’auteur de “Mistral gagnant” ne supporte plus cette célébrité envahissante qui transforme les moments simples en corvées d’autographes et en séances photos improvisées : "On ne peut plus sortir dans la rue sans qu’on me reconnaisse, je ne peux plus faire ses courses peinard sans qu’on me demande des autographes", a-t-il expliqué.Alors, de septembre 1982 à mars 1983, il vogue avec Dominique, sa compagne et leur fille Lolita. Une odyssée familiale pleine de charme… et de mal de mer : "Elles ont été très malades", reconnaît-il aujourd’hui.
Renaud sur RTL : "J’ai un rapport très difficile avec la célébrité" https://t.co/JekhAqH0hX
— RTL France (@RTLFrance) June 21, 2025Renaud et la célébrité : un piège doré dont il voulait s’échapper
Capitaine autodidacte, Renaud se forme sur le tas, avec pour seuls guides les récits d’un autre chanteur-navigateur, Antoine. Et si cette échappée marine semble aujourd’hui relever de la légende personnelle, elle est sans doute le reflet d'un malaise plus profond.En effet, pour Renaud, la célébrité n’a jamais été un objectif, mais plutôt un accident de parcours. Il reconnaît volontiers que le succès a été " trop , trop rapide, trop envahissant, trop bruyant". Le déclic ? Son premier Zénith en 1984, à 32 ans : "C’est là que tout a basculé ", dit-il. La salle était comble, le public conquis, mais l’homme, lui, commençait à se sentir piégé dans une cage dorée.Aujourd’hui, à 73 ans, Renaud parle de cette époque avec une forme de lucidité tranquille. L’homme est peut-être fatigué, la voix un peu cassée, mais l’esprit, lui, reste entier et vif. À l’image de ce bateau bricolé à la hâte, symbole flottant d’une liberté rêvée, souvent cabossée, mais jamais reniée.