L’affaire secoue le monde du sport français depuis plusieurs mois déjà : Yannick Agnel, double champion olympique de natation, est accusé de viol sur une mineure de 13 ans. On apprend aujourd'hui que le sportif de 32 ans va être jugé pour ces faits particulièrement graves.Le procureur de la République de Mulhouse a annoncé ce jeudi que le nageur est renvoyé devant la cour criminelle du Haut-Rhin pour viol sur mineure de moins de 15 ans.Ce renvoi signifie qu’il y aura bel et bien un procès, au terme duquel la justice devra se prononcer sur la culpabilité de l’athlète, désormais reconverti dans les médias et la communication.
Une affaire sordide
C’est en 2021 que l’affaire éclate. Une jeune femme, alors âgée de 18 ans, dépose plainte pour des faits remontant à l’année 2016. À l’époque, elle avait 13 ans, et Yannick Agnel en avait 24. Selon les déclarations de la plaignante, les faits se seraient produits à plusieurs reprises, dans un contexte familial : le nageur, était hébergé chez son entraîneur de l'époque, Lionel Horter… et la victime n'est autre que la fille de cet entraîneur. La jeune adolescente, mineure au moment des faits, décrit une situation de relation non consentie, marquée par une emprise psychologique et une asymétrie d’âge et de statut. L’enquête est alors confiée aux services de police judiciaire, et une information judiciaire est ouverte. Yannick Agnel placé en gardé puis mis en examen en décembre 2021. pour des soupçons d'atteinte sexuelle et de viol sur une mineure de moins de 15 ans commis entre le 1er janvier 2016 et le 31 août 2016. À noter que l'enquête a duré plus de trois ans et a été clôturée en janvier dernier.
La ligne de défense de Yannick Agnel
Dès sa première audition, l’ancien nageur reconnaît avoir eu une relation avec la jeune fille. Toutefois, il conteste la qualification de viol. Selon lui, il s’agissait d’une relation "amoureuse" et "consentie", bien qu’il admette qu’elle était mineure. Il nie toute pression, toute contrainte ou tout abus d’autorité.
Mais la loi française est très claire : tout acte sexuel entre un adulte et un enfant de moins de 15 ans est considéré comme un viol, même en présence d’un prétendu consentement. La notion de consentement est juridiquement inapplicable dans ces conditions, car le mineur est considéré comme étant en situation de vulnérabilité.
Trois années d’instruction : témoignages, expertises, confrontation
Pendant trois ans, les juges d’instruction mènent une enquête approfondie. Les auditions s’enchaînent : proches de la victime, entraîneurs, coéquipiers, membres du club, famille… Une confrontation directe entre Yannick Agnel et la victime est également organisée. La jeune femme maintient ses accusations, tandis que le nageur continue de rejeter l’idée d’un acte criminel.
Des expertises psychologiques sont réalisées afin d’évaluer l’impact des faits sur la victime ainsi que le comportement de l’accusé. Les enquêteurs cherchent aussi à déterminer s’il existait une forme d’autorité, d’influence ou de manipulation exercée par le sportif.Au terme de l’instruction, le parquet de Mulhouse estime que les éléments recueillis suffisent à justifier un renvoi devant la cour criminelle. Ce type de juridiction est compétent pour juger les crimes punis de peines lourdes – en l’occurrence, jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle pour un viol sur mineur.
Ce renvoi signifie qu’un procès aura bien lieu. Yannick Agnel y comparaîtra en tant qu’accusé, et devra répondre, publiquement et sous serment, aux accusations portées contre lui. La date du procès n’est pas encore connue, mais il devrait se tenir dans les prochains mois.