L'enquête sur la mort du petit Émile continue d'avancer. Alors que la garde à vue des grands-parents du garçon, disparu le 8 juillet 2023 au Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence), vient d'être levée, la journaliste Ixchel Delporte a recueilli les témoignages d'anciens élèves de Riaumont. Ce "village d'enfants", où Philippe Vedovini, le grand-père, était responsable de la discipline dans les années 90, refait aujourd'hui surface. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le portrait dressé par ces anciens pensionnaires fait froid dans le dos…
"J'ai assisté à des brimades et des scènes d'une violence inouïe"
"Je suis arrivé à Riaumont dans le courant de l'été 1992", s'est notamment souvenu un élève, âgé de 13 ans au moment des faits, dans l'enquête Les enfants martyrs de Riaumont, parue en 2022 aux éditions du Rouergue. "Je me souviens très bien de frère Philippe, surtout de la première rencontre. Je ne le connaissais pas et il m'a mis une claque très violente dans la nuque, comme ça, pour rien. Je n'ai pas compris. Comme j'étais habitué à être frappé chez mes parents, je n'ai pas bronché."
"Il y avait environ une dizaine d'encadrants, une majorité de moines. Peu à peu, je me suis aperçu que frère Philippe avait un goût pour les baffes, les coups de poing et les coups de pied. Il portait une bure marron et des rangers. Comme les autres d'ailleurs. Mais lui était, disons, particulièrement brutal. Moi, il m'a frappé bien sûr, mais comme je restais totalement impassible pour montrer que cela ne m'atteignait pas, il a fini par arrêter pour s'attaquer à d'autres plus fragiles, j'ai assisté à des brimades et des scènes d'une violence inouïe sur d'autres pensionnaires dans la cour près de la salle commune. Comment voulez-vous étudier et vivre quand vous vous prenez des tartes dans la gueule en permanence ? Ça rend fou", a-t-il ajouté. Des propos à retrouver dans le dernier numéro de Paris Match, en kiosque ce jeudi 27 mars 2025.
Un homme charismatique, mais ultra-violent
Ce pensionnaire n'est malheureusement pas le seul à dénoncer le comportement tyrannique de Philippe Vedovini. Plusieurs témoignages vont dans le même sens.
"Je me souviens d'un homme très sûr de lui, presque narquois. Il n'était pas imposant par la taille, mais par son attitude. Nous le craignions tous. (...) il formait avec les autres prêtres une sorte de bande de caïds qui se sentaient tout permis. (...) Il était humiliant aussi, et ça, psychologiquement, c'était presque aussi dur à supporter que les coups", a rapporté un ancien élève alors âgé de 12 ans.
Et un autre de renchérir : "Avant de nous battre, il avait un petit sourire qui nous faisait bien comprendre qu'on devait se soumettre. Il était très impulsif, et quand il nous frappait, on avait l'impression qu'il se déchaînait, qu'il était incapable de contenir sa violence. C'était malsain, moi je ressentais quelque chose d'instable chez lui. Dans les pages de cette enquête, un portrait glaçant se dessine : celui d'un homme charismatique et intelligent, mais d'une violence inouïe. À Riaumont, il évoluait dans un environnement où les humiliations et la brutalité faisaient partie du quotidien. Un véritable système où le frère Philippe régnait par la terreur, tétanisant ceux qui croisaient sa route...