La loi Duplomb, adoptée début juillet, a remis au goût du jour l’un des néonicotinoïdes les plus controversés : l’acétamipride, interdit en France depuis 2018. Utilisé notamment pour protéger betteraves et noisettes, ce retour en force divise. D’un côté, des agriculteurs en pleine concurrence, de l’autre, des citoyens et des scientifiques alertés sur les risques.Une pétition citoyenne a déjà collecté plus de 1,5 million de signatures, exigeant un vrai débat, même si l’abrogation semble exclue pour le moment. Au cœur du débat : les insecticides neurotoxiques visent le système nerveux des insectes… Mais qu’en est-il de leurs effets sur les humains ?L’acétamipride est jugé peu toxique par l’EFSA et l’ANSES, mais les scientifiques pointent un manque d’études solides. Pourtant, des travaux évoquent des effets sur le développement neurologique, le risque de cancers ou encore des perturbations endocriniennes. Bref, la balance bénéfices-risques penche fortement vers l’inconnu… et ça excite beaucoup d’inquiétude.
Ce que la science nous dit… et ce qu’elle tait
L’EFSA a souligné en 2013 et 2022 des "incertitudes majeures" quant aux effets neuro-développementaux de l’acétamipride (fœtus, enfants). Elle a même recommandé de réduire de cinq fois la dose journalière admissible. Quant à l’ANSES, elle n’a pas trouvé de danger avéré dans les conditions d’utilisation actuelles.Pourtant, plusieurs chercheurs, comme Jean‑Marc Bonmatin (CNRS) et Sylvie Bortoli (Inserm), évoquent des données alarmantes. Notamment des effets sur le système nerveux, développement neuronal, possibles retards cognitifs, cancers ou malformations chez l’enfant. Concrètement, les études humaines manquent…
@DPA/ABACAQuelles conséquences pour nous de la loi Duplomb ?
Les voies d’exposition sont multiples : respiratoire, cutanée, mais surtout alimentaire, via les fruits et légumes traités. En cause : la persistance de l’acétamipride dans l’eau et les sols (jusqu’à 79 jours), voire dans les eaux de pluie.Des études ont déjà suggéré un lien possible avec retards du développement, autisme, cancers hépatiques (in vitro), maladies métaboliques et troubles endocriniens. D’où l’appel au principe de précaution par plus de 1 000 scientifiques, chercheurs et médecins… Dans une lettre ouverte au gouvernement.
@DPA/ABACAAvec la loi Duplomb, l’acétamipride est ressorti de son interdiction, au cœur d’un débat brûlant. Si les autorités sanitaires européennes et nationales ne le classent pas comme toxique, la communauté scientifique tire la sonnette d’alarme. Effets neurologiques, endocriniens, cancérogènes possibles, sans compter l’exposition via notre alimentation et l’environnement.Au-delà des enjeux agricoles, c’est surtout notre santé collective qui est concernée. Le dossier n’est pas clos. Plus qu’un enjeu agronomique, c’est une véritable question de santé publique.